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Top 5 : les challenges joueurs vs joueurs

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Les joueurs de poker aiment les défis, surtout quand il s'agit d'affronter leurs congénères. Certains de ces challenges entre gambleurs sont même entrés dans l'histoire de notre jeu préféré... On a sélectionné les plus marquants.

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Il y a les tournois qui créent des millionnaires, les parties de cash-game High-Stakes où des centaines de milliers de dollars changent de mains en quelques minutes… Mais que serait le poker sans ses célèbres challenges ? Si les paris plus ou moins stupides sont évidemment légion dans la communauté, certains joueurs préfèrent lancer des défis purement poker à leurs pairs. Juste pour voir qui est le plus fort cartes en main.

Le dernier en date ? Phil Galfond, qui a lancé en novembre dernier un double défi heads-up à la communauté du poker mondial, portant sur des parties High-Stakes en Pot Limit Omaha, avec des centaines de milliers de dollars à la clé. De nombreux challengers se sont manifestés, aussi bien des amateurs comme le milliardaire Bill Perkins, que des pros reconnus comme Brandon Adams, Chance Kornuth ou encore Daniel Cates, toujours prompt à relever ce genre de défi, comme vous allez le constater.

Souvent, les joueurs concernés ne sont pas là pour rigoler : les enjeux sont parfois très élevés, avec pour objectif de démontrer sa supériorité sur ses semblables, et même parfois contre des machines programmées pour battre l’humain. Car oui, l’ego parfois surdimensionné de certains joueurs (souvent les plus célèbres) entre forcément en jeu dans ce type de challenge, alors que le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle. Quelques-uns l’ont même appris à leurs dépens... Entre stars mondiales et grinders français, retour sur le meilleur des challenges entre joueurs dans le petit monde des tapis verts.

2009-2018 / durrrr challenge : beaucoup de bruit pour pas grand-chose

Dwan
C’est certainement le challenge entre joueurs le plus connu du poker mondial, celui qui a fait le plus parler dans les chaumières : le durrrr challenge s’est vite imposé comme une attraction dans l’actu poker lors de son lancement en 2009, jusqu’à son épiloque en 2018.

Tout commence sur les tables HighStakes de Full Tilt Poker à la fin des années 2000. À l’époque, l’action est omniprésente, et les meilleurs joueurs s’affrontent sans discontinuer, des centaines de milliers de dollars s'échangeant comme des petits pains. Mais cela ne suffit pas à certains, comme Tom Dwan, l’un des grands prodiges des tables online, devenu multi-millionnaire à force de grinder sans relâche. Toujours aussi audacieux et ayant plutôt une bonne opinion de ses compétences (on peut le comprendre), celui qui se fait surnommer durrrr décide de lancer un grand défi à ses congénères : il propose d’affronter n’importe quel joueur en duel, excepté son pote Phil Galfond (un autre des tous meilleurs joueurs de l’époque ; pas complètement fou le jeunot). La partie se déroulerait en No-Limit Hold’em ou Pot-Limit Omaha version heads-up, sur un échantillon de 50 000 mains. Dwan offre une cote de 3 contre un : s’il finit gagnant, son adversaire doit lui verser 500 000 $. En revanche, si durrrr perd, c’est lui qui devra verser 1,5 millions de dollars à son vainqueur.

Durrrr Challenge

Autant dire qu’avec une telle cote, les plus gros joueurs du monde se déclarent candidats pour affronter le minot, en premier lieu Patrick Antonius, Phil Ivey et notre David Benyamine national. C’est le Finlandais qui lance les hostilités en février 2009 sur les tables de 200 $/400 $ PLO. Les deux joueurs s’affrontent pendant près de 40 000 mains, durant lesquelles Tom Dwan gagne plus de deux millions de dollars. Un retard irrattrapable pour Antonius, qui finit par jeter l’éponge et paye à durrrr les 500 000 $ prévus dans le contrat.

Si ce premier match fut finalement terminé dans les règles, ce ne fut pas le cas du deuxième (et dernier), entamé en août 2010 : Daniel "Jungleman12" Cates, dernière terreur des High-Stakes online dotée d’un ego débordant, se présente alors au départ pour une partie de Hold'em. Rapidement, Dwan se retrouve loin derrière, et le Black Friday d’avril 2011 (avec la fermeture de Full Tilt Poker) oblige les deux joueurs à mettre la partie en pause.

durrrr-challenge

Crédit image : pokeritaliaweb.

Dwan abandonne alors peu à peu ce challenge contre un adversaire peut-être meilleur que lui. S’en suivront des années d’imbroglio : Cates reprochera à Dwan de se débiner et de ne pas payer les indemnités prévues en cas d’arrêt prématuré du challenge, qui reprendra épisodiquement pour en arriver à un total de 19 335 mains jouées. En 2018, après huit années d'un duel qui a longtemps fasciné des railbirds du monde entier, les deux joueurs annoncent l’arrêt définitif du durrrr challenge... sans qu'aucun des deux matchs ne soit allé à son terme.

2010 / Basou Challenge : le petit génie en action

Basou
Quittons un instant les high-stakeurs américains pour s'intéresser à une génération de grinders un peu plus proche de nous, en Europe et même en France. À l’époque, un joueur attire particulièrement l’attention, de par son talent très précoce : Basil Yaiche, plus connu sous le surnom de Basou. À tout juste 18 ans, il écume les tables de HU à 25/50 $ et joue des heads-up pour des sommes à quatre, voir cinq chiffres, contre Isildur1, Sauce123 ou Christoph Vogelsang, "les joueurs qui font les tournois Highroller aujourd'hui", précise Basou." C'était déjà un challenge quotidien. On se battait parfois jusqu'à la mort, jusqu'à ce que l'un des deux se broke. C'était un jeu, on se prenait moins au sérieux. On pouvait se le permettre, car c'était facile de se refaire."

Et comme Tom Dwan, Basou n’a peur de rien : en avril 2010, il lance un challenge heads-up à tous les joueurs français sur les tables du .com. Cette fois, le petit génie propose un défi de 5 000 $ sur des tables de cash-game en NL1000 (blindes 5/10 $). Les sessions doivent se jouer sur 4 tables de heads-up en simultané, et Basou offre une cote de deux contre un à ses challengers : il leur versera 10 000 $ s’ils finissent positifs à la fin du challenge ; si Basou est gagnant d’au moins 1 $, c’est eux qui lui signeront un chèque de 5 000 $. "L'objectif était surtout de faire parler de moi pour éventuellement me faire remarquer par un sponsor, et de faire connaître le forum Poker Académie", explique Basou. Le premier challenger sera Julien Claudepierre alias Garrincho54 : Pour son entrée en matière, Basou s'incline. "C'était un excellent joueur, il m'a défoncé, son style de jeu serré ne me correspondait pas." Résultat ? Le défi ne va pas plus loin... "Le but était de tout gagner, affirme Basou. J'ai donc préféré arrêter..." Dommage, le buzz était fait, notamment sur la communauté ClubPoker.

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Basou opposé à Roger Hairabedian à l'Evian Poker Open 2010.

Quelques années plus tard, Basile se fait à son tour challenger par Roger Hairabedian, pour une session de heads-up live au Cercle Clichy-Montmartre, aves des blindes dix fois plus élevées (50/100 €). "On n'a joué que pendant quelques heures, et j'ai perdu de peu. Moi je jouais pour l'appât du gain car je pensais avoir un vrai edge, lui plutôt pour la compétition." Basou a en tout cas prouvé qu'il était aussi à l’aise sur des tables en dur que devant un ordinateur, et trouvera rapidement un sponsor en rejoignant la Team Eurosport Poker en compagnie de Clément Thumy et Hugo Lemaire. Un joueur complet, qui se reconvertira en tant que comédien quelques années plus tard, avant un retour surprise sur le circuit récemment (les plus attentifs ont notamment pu l'apercevoir en pleine séance de méditation aux côtés de Davidi Kiai, en ouverture du premier épisode de la nouvelle saison de Dans la Tête d'un Pro).

2012 / Jared Bleznick se croit invincible

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Jared Bleznick est un nom assez peu connu dans le paysage du poker mondial : et pour cause, le Tchèque n’a jamais écumé les podiums des parties de poker télévisées, préférant souvent rester dans l’ombre des parties online. On ne l’aperçoit guère qu’aux WSOP, où il signe régulièrement de beaux résultats, avec huit tables finales depuis 2011, dont quatre podiums. Mais les meilleurs joueurs mondiaux, qu’il a pour la plupart affrontés, vous le diront : Jared est un joueur exceptionnel, et a longtemps terrorisé les tables de cash-game High-Stakes, connu en tant que spécialiste des mixed games sur Full Tilt Poker sous le pseudo harrington25. Surtout, Jared est catalogué comme un joueur un peu fou, un degen souvent sanctionné pour son comportement aux tables en live et qui s’est attiré l'opprobre de la communauté pour une affaire de multi-accounting. Pas de quoi se faire des amis.

Rien de surprenant donc à ce que Jared, dans la lignée de Tom Dwan, propose à n’importe quel joueur de l’affronter en duel. En direct des couloirs du Rio durant les WSOP 2012, il affirme qu'il est prêt à affronter en HU n'importe quel vainqueur de bracelet WSOP, dans la variante dans lequel ce dernier a été titré. Et ce, quel que soit l'enjeu. Jared Bleznick est-il un malade, pour qui l'argent n'a aucune importance, où un joueur qui sait que sa supériorité est évidente sur d'autres n'ayant parfois connu rien d'autre qu'un one time ? On penche tout de même vers la deuxième solution. Cela étant dit, meme après une telle provocation, on attend toujours que quelqu'un daigne officiellement relever le défi...

2017 / Challenge Romain Lewis : petits duels entre amis

lewis
Alors que le poker français joue les Poulidors depuis déjà quelques années, échouant en heads-up de nombreux tournois WSOP, Romain Lewis décide qu’il est temps de remédier à cette malédiction. Car cela fait quelques temps que celui qui n'est pas encore membre du Team Winamax travaille le jeu en tête-à-tête dans sa colocation londonienne, en compagnie notamment de son futur coéquipier Guillaume Diaz. Il n’est pas rare que les habitants de la maison décident de s’affronter en duel, cartes en main.

Fort de ces nombreuses parties et de compétences dûment acquises, Romain décide de voir plus grand : en février 2017, il monte un tournoi de heads-up entre joueurs français, baptisé le Challenge Heads-up Romain Lewis. Le principe ? Un buy-in de 500 €, 40 joueurs au départ, 8 poules de 5 joueurs, dont les deux premiers sont qualifiés pour les 8es de finale. Les parties se déroulent sur la plateforme de play money de Winamax.fr, ainsi que sur celle de la Global Poker League. Tous les quart de finalistes sont ITM et le vainqueur empoche 8 700 € ainsi que le droit de chambrer tous ses potes durant des semaines.

Jérémy Saderne

Au casting, on retrouve la crème des grinders français, avec le déjà cité volatile38, un autre futur pro W, Ivan Deyra, le Top Shark 2018 en devenir Adrien Delmas, Louis "Labrik" Linard, le vainqueur de la Grande Finale du WiPT 2017 Jeremy Saderne (photo), et évidemment Romain lui-même. Quelques grands noms du poker francophone tentent également leur chance, avec deux autres pros W, notre Belge préféré Davidi Kitai et Sylvain Loosli, mais aussi Alexandre Reard, Fabrice Soulier, Erwann Pécheux, Adrian Allain, Laurent Polito et même Omar Lakhdari, pas spécialement adepte du poker online.

De quoi intéresser au plus haut point la communauté du poker français, qui suit avec attention le déroulement de ce challenge atypique, à l'ambiance à la fois détendue et sérieuse. Précurseurs, les organisateurs proposeront même le streaming de quelques parties sur Twitch, commentées en direct par Veunstyle et Le Capoteur. Au bout de deux mois de compétition, c’est Jeremy Saderne qui s’impose, battant Arthur Conan en finale, alors que Paul Guichard et Sylvain "Artplay" Ribes ont échoué en demi-finales. Bientôt trois ans plus tard, ne restent que de bons souvenirs pour tout le monde, des punchlines à foison sur le forum ClubPoker, et la mise en lumière de quelques espoirs du poker tricolores, qui continueront de briller par la suite.

2015-? / Brains Vs IA : le duel ultime

Pluribus
Oui, d’accord, les IA n’ont pas de bras, ni de jambes (enfin, pas toutes). En revanche, elles sont dotées d’un véritable cerveau, et ce dernier est souvent très performant. Il était donc naturel que leurs créateurs décident de les confronter à des joueurs de poker, pour voir si elles étaient capables de dominer les meilleurs joueurs du monde dans un jeu d’information incomplète, incluant donc une part de hasard.

La première Intelligence Artificielle à se confronter au cerveau humain fut Claudico, qui tenta d’affronter en avril 2015 un quatuor composé de Doug Polk, Bjorn Li, Dong Kim et Jason Les. Chacun d’entre eux devait disputer 20 000 mains de heads-up en No-Limit Hold’em contre le robot. Et le résultat fut sans appel : au terme de dix jours de combats, ce "Brain vs IA" vira à l’avantage des humains, qui terminèrent le duel positifs de 732 713 $. "Leur avance collective n'est pas suffisante pour être considérée comme ayant une vraie signifcation statistique, avance pourtant le professeur Tuomas Sandholm (photo, ci-dessous, en cravate), papa de Claudico. Les résultats ne permettent aucune conclusion scientifique définitive. Au total, 170 millions de dollars furent misés durant deux semaines. [...] La compétition se solde par une égalité au niveau statistique."

Une revanche était donc nécessaire, ou du moins une nouvelle confrontation permettant d'y voir un peu plus clair. Moins de deux ans plus tard, Sandholm revient ainsi à la charge avec une version améliorée de Claudico nommée Libratus. Le principe reste le même que la précédente opposition. Chez les humains, deux changements sont toutefois à signaler, Bjorn Li et Doug Polk (les deux joueurs ayant obtenu les meilleurs résultats face à Claudico) étant remplacés par Daniel McAulay et Jimmy Chou. Cette fois, la machine s'impose largement, terminant avec un bénéfice de 1 766 250 $, dominant chacun de ses quatre adversaires. Malgré cela, les conditions de jeu, les règles établies lors des matchs (notamment la remise à niveau des stacks à 200 blindes après chaque main) et le casting humain opposé à Libratus levèrent quelques contestations au sein de la communauté.

Brains Vs IA

Crédit photo : riverscasino.com.

En juillet 2019 est donc organisée une troisième rencontre, sorte de "belle" à même de mettre tout le monde d'accord. Appelée Pluribus, la version 3.0 du logiciel fait face à une équipe humaine particulièrement relevée, compant notamment dans ses rangs le triple champion WPT Darren Elias, le quintuple vainqueur WSOP Chris FergusonNick Petrangelo, le Champion du monde 2012 Greg Merson ou encore le high-staker Seth Davies. Pour marquer un grand coup, le terrain de jeu est déplacé du heads-up au 6-max, format beaucoup plus difficile à appréhender pour une machine, avec un nombre de probabilités décuplé par rapport au tête-à-tête classique.

Pluribus joua 10 000 parties de NLHE, sous deux configurations différentes : certaines tables comptaient cinq humains contre une IA, d'autres cinq IA contre un humain. Pour la deuxième fois consécutive et au grand dam des joueurs, la machine prit l'ascendant, une première en évoluant face à plus d'un adversaire. Bref, les intelligences articificielles semblent avoir définitivement pris le pas sur le cerveau humain quand il s'agit de jouer au No Limit Hold'em. À quand une victoire sur des tables en full ring ? Cela devrait arriver un jour ou l'autre...

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