Winamax

J'ai squatté le séminaire du Team Winamax

Par dans

Durant une soirée arrosée arrosée à Macao, ils m'ont invité à leur séminaire annuel. Ils ne s'en souvenaient plus. J'ai passé quatre jours avec eux.

Ma rencontre avec le Team Winamax, c'était à Macau, en avril dernier. Présent juste pour une nuit, je me promène entre les bandits-manchots d'un casino à la recherche d'une machine où glisser quelques Hong-Kong dollars lorsque du bruit m'interpelle. Un groupe d'une quinzaine de personnes est en train de chanter du Claude François à quelques mètres de là. L'hallu !

Je m'approche et la surprise est de taille : je découvre un Michel Abécassis en train de tortiller du genou qui lance ♫ Je cognerais le jour, je cognerais la nuit ! ♫ alors que Pierre Calamusa s'envoie un shot plus fluorescent qu'une analyse d'urine de Lance Armstrong. Le fan de poker que je suis n'en croit pas ses yeux. Je ne me fais pas prier et les interpelle immédiatement. « Je peux faire un selfie avec vous ? » Davidi Kitai se saisit lui-même du téléphone pour immortaliser l'instant. L'équipe m'offre alors un verre, puis deux, et puis c'est devenu compliqué de compter. On sympathise tellement qu'ils me lancent une invitation pour participer à leur séminaire en France à la fin du mois. « Mais carrément ! Je serai là ! »

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Une vingtaine de jours plus tard, je débarque sur la Côte d'Azur. J'ai rendez-vous à l'hôtel BeachComber, un palace qui jouxte la plus grande académie de tennis d'Europe. Ça a de la gueule, je vois où va l'argent que je perds sur les Expresso ! D'ailleurs, je suis plutôt étonné, je ne croise pas le moindre joueur du Team avant 19 heures. Je peux te dire qu'à plus de 150 balles la nuit, j'étais là dès 14 heures et j'ai absolument tout essayé : le spa, la piscine, la luminothérapie et j'ai vidé tout ce qu'il était possible de vider dans le minibar. C'est en début de soirée qu'enfin, les voilà qui se pointent, en groupe.

- Salut le Team !

Pas de réponse. Sylvain Loosli m'examine étrangement et c'est le manager Stéphane Matheu qui finit par m'adresser la parole.

- Bonjour, vous êtes de l'hôtel ?

Ils sont sérieux là ? Il n'y en a pas un qui se rappelle de moi ! Je dégaine alors mon téléphone et leur remémore cette belle soirée passée à l'autre bout du monde. Le Top Shark Aladin Reskallah est le premier à réaliser : « Il est vraiment venu le con... » Un peu mon neveu ! Passé ce petit flottement, le Team accepte que je reste à leurs côtés. En ce soir de premier tour de l'élection présidentielle en France, je tente alors de détendre l'atmosphère.

- Vous avez voté pour qui ?

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Je n'obtiendrai pas de réponse mais Michel Abécassis réalise une belle pirouette en établissant le gouvernement de Winamax. Président, c'est à vous.

- Mon premier ministre sera Guillaume Diaz, un garçon consensuel. À l'éducation, je place Gaëlle Baumann. Le ministre de la culture ? Kool Shen évidemment ! Aux affaires étrangères, je nomme Davidi Kitai et Aladin Reskallah. Au budget, ce sera Alex Luneau et Sylvain Loosli !

Et moi, je n'ai pas de poste ? L'équipe parvient à esquiver ma question grâce à l'arrivée des plats. C'est bon mais presque trop sain ! Seul Kool Shen réussit à gratter une portion de frites en plus. Ça a du bon d'être une vedette. L'âme de gambler des joueurs du Team se réveillent rapidement quand, alors que les résultats ont été annoncés il y a trente minutes, Alex Luneau et Sylvain Loosli découvrent qu'on peut encore miser sur les Présidentielles sur certains sites anglais. « Ils proposent une cote Macron gagnant du premier tour @1,25, il faut faire tapis ! » hurlent-il en tapotant frénétiquement sur leur téléphone. La télé de l'hôtel était branchée sur France Télévisions : ils donnait trois points d'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Quand je leur ai dit que TF1 plaçaient les deux candidats pratiquement à égalité, il faut voir comme ils ont mouillé leur slip et rapidement rangé leur cellulaire. De l'autre côté de la table, Pierre Calamusa et Michel Abécassis ont les yeux rivés sur le match Lyon – Monaco. « Tapis sur Lyon ! » lance Pierre. « Victoire de Monaco, score exact : 2-0 ou 3-0 » préconise Michel avec sobriété tout en validant son pari sur Winamax.

Fin du match, Monaco s'impose 2 buts à 1 et Michel se retire sereinement du restaurant. L'ensemble de l'équipe va d'ailleurs se coucher. Hein ? Il n'est même pas 23 heures ! Et on n'a toujours pas vu la moindre carte.

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Je retrouve les lève-tôt au petit déjeuner ; ils sont déjà en plein débat. « Je vous assure que le baseball est un sport passionnant, ça demande d'être très rapide ! » s'enthousiasme le résident canadien Aladin. « La vitesse n'est pas un problème pour Monsieur Calamusa » reprend Michel Abécassis, « plus jeune, on l'appelait La flèche de Saïgon ! » « Comment tu sais que je viens de là-bas ? » se marre Pierre.

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Quinze minutes plus tard, nous voilà dans une salle de l'Academie Mouratoglou pour une séance de yoga. « Vous ne venez pas de manger j'espère ? » demande Carine, notre maître yoguiste du jour. « Non non... » répond-on en baissant les yeux. Pas le bluff le plus réussi de l'histoire du Team Winamax. « Essayez de rester concentrés sur vous-même » demande-t-elle ensuite, voyant bien que l'objectif des pros est d'abord de se chambrer les autres à qui mieux-mieux. « Et faites le papillon avec les jambes » lance à nouveau Carine. Bizarrement, c'est le mec qui papillonne le plus dans la vie qui y arrive le moins : Pierre Calamusa. Une atmosphère détendue s'installe progressivement et l'apaisement est tel en fin de séance que c'en est trop pour Davidi Kitai : il s'endort durant un exercice. Comme ça, sur un tapis de 3 centimètres d'épaisseur posé sur le sol. Ce garçon n'est décidément pas comme tout le monde.

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L'après-midi, rendez-vous est pris dans la salle de séminaire de l'Académie. C'est amusant de voir le Team équipé de stylos et de bloc-notes, attendant patiemment les consignes et le programme comme un matin de rentrée des classes. L'intervenant est Pier Gauthier, ancien joueur de tennis professionnel désormais coach mental (site web), il connaît par coeur la plupart des joueurs du Team. Quand les discussions ont commencé, c'est là que j'ai pris conscience de la différence entre ces grands champions et un cliqueur de boutons comme moi. Le thème du jour : motivation et détermination. Il faut voir le mental qu'ont ces types. Car après plusieurs années sur le circuit, comme pour tout sportif, la lassitude peut parfois s'installer. Le but de cette séance est donc de tenter de trouver des clés pour rester au top. Alors, comment on fait ? « La motivation n'est pas la même pour tout le monde, il faut généralement la relier à un objectif pour la faire évoluer » analyse Pier. Mouais, pourquoi il n'y a jamais de réponse simple à ces questions ? « Pour que je ne sois pas au chômage ! » reprend le coach en rigolant. Ça se tient.

Et est-ce plus simple de rester motivé quand on a un talent inné pour ce jeu ? « Le talent, c'est l'envie » interrompt Davidi Kitai, « si on a très envie de manger du homard, on a du talent à le déguster. » Stéphane Matheu donne ensuite l'exemple de l'ancien joueur de tennis professionnel Arnaud Clément. Alors qu'il est à la retraite et pourrait tranquillement profiter de la vie, il poursuit actuellement un programme d'entrainement encore plus intense que lorsqu'il était sur le circuit ! Son but : faire des Ironman, ces triathlons de l'extrême. « Son moteur, c'est sa passion » conclue Stéphane. Après une séance comme ça, j'avais envie d'aller clasher un ours. Je ne vous dis pas mon excitation à l'annonce de l'atelier suivant : une review technique.

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Au programme : un passage en revue des mains jouées par Sylvain Loosli sur un High-Roller en ligne. Morceaux choisis.

# Pierre Calamusa : « Non mais Alex tu raisonnes trop en Na Na Na Na avec tes chiffres à tout va là. Les mecs peuvent juste être fous aussi. »

# Davidi Kitai : « Sylvain, si tu as 3-bet ce spot, je te stacke pour le 100K...
*Fold*
Dommage... »

Kool Shen : « Quand un Allemand check-raise avec une paire pourrie, il fait souvent une deuxième paire au turn quand même. » 

# Pierre Calamusa : « As-Dix off UTG ? Bien sûr qu'on passe, t'es niqué frère ! »

Là où c'est fort, c'est qu'ils sont généralement d'accord sur la majorité des décisions. La différence se fait au niveau des sizings, et savoir si on doit miser 60% ou 75% du pot peut parfois donner lieu à une discussion de dix minutes. Alors que Sylvain se retrouve à six joueurs restants sur son tournoi, chaque décision est millimétrée : « Là, tu as une bonne main pour relancer mais si on se fait 3-bet, ce serait une catastrophe de passer de 17BB à 15BB en terme d'ICM ! » lance Guillaume Diaz en observant qu'il y a deux autres petits tapis à table. Mon cerveau fume mais je parviens néanmoins à retenir un concept : moins on a de blindes, plus on peut défendre sa grosse blinde pour réaliser son équité. Ne m'en demandez pas plus.

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L'heure du dîner arrive et c'est Kool Shen, visiblement coutumier du fait, qui se lance sur une anecdote vécue avec NTM.

« C'était les débuts du groupe et on s'est retrouvé à New-York pour un rendez-vous. Il faut se rendre compte qu'on arrive du 9-3 et qu'on avait genre 150 dollars chacun en poche et pas beaucoup plus sur notre compte. C'est la société de production qui nous avançait les billets d'avion, l'hôtel et tout, on n'avait pas un rond... Donc on fait notre truc là-bas, ça se passe bien puis vient l'heure du vol retour. On passe la sécurité et Joey (Starr) se prend une bière. Sauf qu'il l'emmène à bord et continue de boire dans l'avion...

L'hôtesse arrive et commence à lui dire en anglais qu'il n'a pas le droit de boire de l'alcool à bord. Sauf que lui, l'autorité, c'est pas trop son truc. Et puis on ne parlait pas un mot d'anglais, on était en mode ''yeah yeah no english one again''. Il continue et elle revient une deuxième fois, cette fois en mode bien insistante, on ne comprend pas tout mais en gros, s'il n'arrête pas de boire, on va se faire débarquer de l'avion. Joey accepte de jeter sa bière mais on était avec un troisième pote, le plus énervé d'entre nous qui lui lâche en français alors qu'elle repart : ''On va te faire la misère tout le vol'' tout en ajoutant un petit sobriquet pour conclure sa phrase. Sauf que la meuf se retourne et nous fait : ''Ah ouais ? Vous croyez ça ?'' Putain, elle parlait français la conne !

C'est là qu'on a fait connaissance avec les États-Unis... Deux minutes plus tard, y'a deux énormes masses qui arrivent, ils étaient tout droit sortis d'un clip des Village People avec une casquette de flic et une petite moustache à la Freddy Mercury... Ils nous ont ont attrapé par le col et nous ont trainé dehors comme des merdes. On avait perdu notre vol, on était coincé à New York sans un rond et on avait extrêmement envie de péter la gueule de notre pote. La société de production a dû payer hôtel et nouveau vol, c'est là qu'ils ont compris que ce ne serait pas simple de nous gérer ! »

Les zygomatiques bien réchauffés, chacun rejoint tranquillement ses quartiers.

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Ce matin, c'est padel. Un jeu hybride entre le squash et le tennis où on joue à l'intérieur d'une cage en verre tout en ayant chacun une moitié de terrain et la possibilité de jouer avec les éléments. « Je vais tous vous fumer ! » lance Aladin. Quatre jeux plus tard, il rejoint le terrain des perdants. Alors qu'Alex Luneau et Gaëlle Baumann travaillent leurs gammes, un match épique se déroule entre Kool Shen et Michel Abécassis opposés à Guillaume Diaz et Davidi Kitai. Après un coup de folie de MIK, les deux se retrouvent à terre ! Prendre la raquette me démange trop. Pas fou, je monte une équipe avec Pier Gauthier qui est numéro 7 français de la discipline et on tord une à une toutes les paires qui arrivent face à nous. Ah ils font moins les malins les champions de cartes là !

stephenbunard

Arrive l'heure d'une séance particulièrement attendue : la synergologie. En gros, la communication non verbale, tous ces petits gestes réalisés de façon non volontaire qui trahissent des émotions et un état d'esprit. Pour en parler, un boss de la discipline est là : Stephen Bunard (site web). Je l'ai déjà vu passer chez Yann Barthès dans Quotidien lui, je m'étais dit que ça me ferait flipper de croiser un mec qui pourrait m'analyser de la tête aux pieds. Je suis déjà en maladie quand je dois passer à travers les Rayons X à l'aéroport alors là je ne vous raconte pas.

Il y en a un qui est particulièrement refait : Davidi Kitai. L'homme qui est connu pour être un des meilleurs lecteurs du circuit semble avoir rencontré son maître. Flatté, Stephen a commencé à trouver ça franchement bizarre lorsque notre Belge préféré l'a accompagné jusque dans sa salle de bain pour le mater se brosser les dents : « le fait que tu ailles de la droite vers la gauche, ça veut dire quelque chose ? »

C'est que tout est sujet à interprétation, un haussement de sourcils, une joue touchée de façon inopinée, une bouche en huître - « le best seller ! » précise Stephen... Durant deux heures, le synergologue présente un maximum de situations via des clips montrant des hommes politiques mis en difficulté durant des interviews. Je ne pensais pas que le Team Winamax pouvait être aussi studieux, ils notent tout de A à Z jusqu'à ce que Gaëlle Baumann relève la tête : « Il risque d'y en avoir, des calls de merde à cause d'un grattement de nez ! »

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Stephen Bunard sourit, il est vrai qu'il n'a jamais joué au poker mais le lendemain, il relève le défi : analyser une partie grâce à la synergologie. Le choix est porté sur les Winamax Live Sessions et Stephen discerne deux belles poker faces : Michel Abécassis et Alex Luneau car « ils se cachent », ce qui peut aussi être « un défaut car ils loupent des informations ». Dans l'ensemble, les joueurs du Team ne laissent pas passer grand-chose, ce qui n'est pas le cas de Jimmy Guerrero qui a « une attitude de manipulateur à table » ou encore de Khalid Ayadi « et les fantaisies de son corps » lorsqu'il bluffe. Ce qui ne reste pas forcément simple à détecter, hein Davidi ?

« C'est sympa d'analyser les tells de Lapin mais demain, je joue le 100k » répond le Belge tout en dégainant une clé USB. Dessus, des bandes vidéo d'un joueur qu'il tient à particulièrement décrypter : Léon, un des rares amateurs à prendre part à ces épreuves très chères. Et là, on se rend quand même compte que le poker en 2017, c'est la Quatrième Dimension. Stephen a avancé les images dixième de seconde par dixième de seconde pour déceler la moindre émotion du tchèque. Le plus dur, ça restait tout de même de ne pas devenir épileptique en matant les fringues de Charlie Carrel, son adversaire.

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L'heure de la dernière séance de sport du séminaire est arrivée. Pierre et Aladin commencent à bouillonner. Voilà quatre jours qu'ils n'ont pas fait la moindre conquête. Les deux nouveaux meilleurs bros du monde ont quand même sacrément secoué le réseau Tinder de la région PACA et ont quelques dates de prévues dans un AirBnB communément loué à Monaco où le salon vitré donne sur un jacuzzi situé à l'étage inférieur. Ces deux-là se sont bien trouvés.

À l'heure du débrief, sourire et détermination sont apparents sur les visages. Je les sens prêts à chasser de nouveaux titres et surtout se taper de nouvelles barres de rire au karaoké. C'est qu'on se sent bien dans cette famille Winamax... Vous me laisserez revenir, hein ?

Harper