Winamax

Interview de la poubelle du Groupama Stadium

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Trois jours après l’incident, le traumatisme est toujours présent. Pour Winamax, Lavi, la poubelle frappée par Karl Toko Ekambi, a accepté de s’exprimer en exclusivité.

poubel nedved

Tout d’abord, le grand public ne vous connait pas vraiment. Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m’appelle Lavi, et je suis la poubelle du Groupama Stadium de Lyon depuis l’inauguration du stade il y a désormais 7 ans.

Donc… vous êtes la poubelle Lavi ?

Oui, pourquoi ?

Comment êtes-vous devenue la poubelle du Groupama Stadium ?

J’ai été conçue en 2015 par une célèbre marque de fournitures de bureau suédoise et…

Ouais, Ikea quoi.

Euh… oui Ikea… bref… J’ai été conçue en 2015 et…

Non parce que y’en a marre de ces gens qui ne citent pas les marques et qui restent mystérieux alors que tout le monde sait de qui ils parlent.

Bon, je peux finir mon histoire ? J’ai été conçue en 2015 par Ikea. À partir de là, j’ai été entreposée dans la banlieue lyonnaise pendant quelques mois. Jusqu’à l’ouverture du stade. Je me souviens encore de ce jour. On était un groupe de 50 poubelles. 50 ! Et ils nous ont toutes enlevées sans prévenir. On savait que ce jour arriverait. Mais on n’a pas eu le temps de se dire au revoir. Je pense encore à elles de temps en temps. Depuis, je suis à l’entrée du stade. J’ai connu de nombreux matchs, de nombreux exploits mais aussi beaucoup de désillusions. Jusqu’à ce jour…

C’était le samedi 14 janvier 2023. Racontez-nous.

Il faisait nuit, froid. C’était un samedi soir banal de janvier. L’Olympique Lyonnais jouait mal, comme d’habitude. Mon agresseur aussi, comme d’habitude.

Vous désignez Karl Toko Ekambi comme « votre agresseur », mais vous ne le nommez pas. Pourquoi ?

Je… euh… non… Je n’y arrive pas… C'est encore trop frais pour moi.

L’OL perd, à domicile, contre Strasbourg. Les supporters sont en colère. Et arrive donc cette fatidique 59e minute…

Je n’ai rien vu venir. Jean-Michel Aulas et John Textor étaient près de moi et j’écoutais leur discussion. Aulas expliquait à l’Américain que « the team is… euh… pas bonne, this is a… euh… une catastrophe you know ? ». J’ai eu à peine le temps de tourner la tête que le choc est arrivé. Il fut d’une violence… Je n’ai jamais ressenti une telle douleur de ma vie.

Sur la vidéo, on voit toute sa rage. Il ne vous frappe pas une fois, mais deux. Pourquoi ?

Je ne sais pas. J’en fais encore des cauchemars la nuit. Comment peut-on être aussi violent avec une personne innocente ? Il m’a même traité de « résidu de merde ». Comme il est tombé en portant son premier coup, il était encore plus énervé. Le deuxième coup a été deux fois plus intense.

Comment allez-vous aujourd’hui ?

C’est compliqué. Je souffre d’un couvercle cassé et d’un sac poubelle transpercé à plusieurs endroits. J’ai également perdu beaucoup de déchets dans l’incident. J’aurais clairement pu y passer… Je vais mettre quelques temps pour m’en remettre. Mais le plus dur, c’est la douleur psychologique.

Vraiment ?

Déjà, vous êtes la première personne à me demander comment je vais. Toutes les réactions sont les mêmes : « Ah le nul, il est tombé en frappant la poubelle. » Mais ce n’est jamais « oh pauvre poubelle, j’espère qu’elle va bien ». De plus, je tremble à chaque fois que je vois une personne s’approcher de moi. J’ai peur qu’il m’arrive encore quelque chose. Je ne sais pas si je réussirai à reprendre mon travail un jour.

Le joueur affirme que vous l’avez traité de « Déchets divers » et qu’il a simplement répondu à ces provocations. Avez-vous une explication ?

C’est n’importe quoi ! Je suis une poubelle dite « classique ». L’inscription « déchets divers » ne lui était pas destinée, c’était simplement pour indiquer que les produits recyclables ne doivent pas être jetés en moi. Malheureusement, beaucoup d’individus malintentionnés se foutent complètement du tri sélectif.

Vous insinuez qu’il a manqué d’expérience ? Qu’il aurait dû avoir… un peu plus de bouteille ?

Pardon ?

Si on regarde bien les déchets que vous éjectez sur le choc, on voit qu’il… tombe dans les pommes.

Ce n’est pas drôle.

Il a… pris son pied.

Vous n’êtes qu’une ordure.

Êtes-vous prête à lui pardonner s’il vous présente ses excuses ?

Je ne veux plus rien avoir à faire avec lui. Je veux simplement me reconstruire. Et recommencer ma vie loin des caméras.

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