Interview de Contre Soncamp
Par Paris sportifs
dansDéjà auteur de 5 buts en une petite semaine de compétition, Contre Soncamp affole les compteurs et est bien parti pour terminer meilleur buteur de l’Euro 2024. Qui est-il ? Nous avons tenté d’en savoir plus.
On parlait tellement peu de vous avant le compétition qu’on a un peu l’impression que vous êtes le nouveau phénomène du football européen. Pourtant, vous aviez déjà marqué l’Euro 2021 de votre empreinte…
C’est vrai ! Avant l’Euro, on attendait Harry Kane, Cristiano Ronaldo, Romelu Lukaku ou encore bien sûr Kylian Mbappé. Par contre, on n’attendait pas Erling Haaland (rires). Je rigole ! Je dis ça parce qu’ils ne sont pas qualifiés (rires). Pas mal celle-là non ? Enfin bon. C’est normal, ils jouent dans les meilleures nations du continent, tandis que moi, je suis un peu un citoyen du monde. Je vais là où le vent me mène. Et ça a plutôt bien marché sur le dernier Euro, puisque j’ai fini meilleur buteur. Et on l’oublie aussi un peu vite, mais j’ai inscrit 22 buts cette saison en Ligue 1.
Comment on pourrait définir votre style ?
Je suis un mec de cité, simple.
Je parlais plutôt de votre style de joueur…
Ah. Je suis un véritable renard des surfaces. Le genre de joueur qui parvient à se faire oublier par tout le monde, qui ne touche pas un ballon dans le jeu, mais qui est toujours bien placé. Si un ballon m’arrive dans la surface, vous pouvez être sûr que le gardien sera battu. Parfois même par lui-même. Et à chaque fois, les défenseurs sont surpris, car ils ne m’avaient pas vu venir. Mais c’est ça le haut niveau : si tu fais une erreur, je te la fais payer cash.
D’où vous vient cette obsession pour le but ?
Je pense que c’est inné. En tout cas, c’est ancré en moi depuis mon plus jeune âge. Je suis un compétiteur, et ce que j’aime, c’est ressentir des émotions fortes, prendre du plaisir. Certains en prennent à défendre, d’autres en prennent à faire des dribbles, faire des passes… Moi, mon kiff, c’est de marquer. C’est comme ça. La sensation de voir le ballon filer doucement au fond des filets après l’avoir effleuré, ça n’a aucun égal. Une fois que tu y goûtes dès ton plus jeune âge, tu ne peux plus t’en passer. C’est comme une drogue.
En parlant de votre jeunesse, pouvez-vous nous expliquer plus en détails votre parcours ?
Je n’ai pas eu une adolescence facile. Quand j’étais plus jeune, mon profil était un peu stigmatisé. Ce n’était jamais “Contre Soncamp a encore marqué, quel joueur !” mais plutôt “Oh, le défenseur a fait une boulette, mais c’est une erreur de jeunesse, il va apprendre et progresser” ou “mais il est nul ce gardien, qu’il aille plutôt faire du rugby !”. Mentalement, j’ai beaucoup pris sur moi. Quand tu es jeune et que tu souffres d’un manque de reconnaissance, cela peut avoir des conséquences néfastes sur ta personnalité, même au-delà du sport. Mais c’est ce qui m’a forgé. Aujourd’hui, j’ai une confiance en moi inébranlable, et cela m’aide au quotidien.
On a l’impression que vous gardez de la rancoeur par rapport à ça…
Ce n’est pas de la rancœur. Mais forcément, quand tu as 13-14 ans, que tu marques but sur but et qu’on minimise tes performances à chaque fois car il ne faut pas froisser le défenseur ou le gardien qui s’est “trompé de cage”, ça te rend malade. Quand je rentrais chez moi le soir, je me refaisais les actions dans ma tête pour essayer de comprendre si j’avais mal fait quelque chose, mais je ne comprenais pas. C’était tellement injuste… Je réussissais des gestes techniques de folie, des buts du cul, des reprises en demi-volée pleine lucarne, des lobs hyper bien sentis, mais rien. Jamais un “félicitations” ou un “ça c’est un vrai geste d’attaquant”. Le jour où j’ai compris que le problème ce n’était pas moi mais bien eux, ça a été un vrai soulagement.
Comment ça ?
C’est simple : j’étais tellement fort que je faisais passer les défenseurs adverses pour des pastèques. Quand les joueurs sont trop jeunes, il ne faut pas les froisser ou les décourager, l’erreur fait partie de l’apprentissage. Sauf qu’à un moment donné, les erreurs sont provoquées par quelqu’un : moi. Et passé un certain âge, les éducateurs arrêtent de brosser les mecs dans le sens du poil. C’est à partir de là que ça a commencé à aller mieux pour moi. Aujourd’hui, ce que je vais dire va peut-être sembler arrogant, mais je le pense vraiment : si tu veux réellement connaître le niveau d’un défenseur, tu dois le mettre face à moi.
Vous avez un exemple de défenseur qui a montré son vrai niveau face à vous ?
Cette saison ? Warmed Omari de Rennes. Popopo ce que je lui ai fait. Avec Brest, reprise au premier poteau en première intention, trop facile. Mais mon préféré, c’est le but que je lui ai mis quand j’étais à Lorient. Je lui ai inventé le une-deux avec le poteau. Inarrêtable. Quand j’y repense, j’en ai de la peine pour lui.
Sinon, plus récemment, l’Italien Calafiori. Premier match contre l’Albanie, le mec sort une masterclass. J’arrive avec l’Espagne, je lui apprends la vie. Centre, c’est contré par Donnarumma, il évalue mal la trajectoire derrière et j’en profite. C’est simple le football.
C’est quoi du coup, votre geste préféré ?
Je pense que c’est le double rebond. C’est toujours hyper spectaculaire. Une bonne frappe bien puissante, contrée une fois et qui rebondit sur un deuxième défenseur, j’adore. Sinon, j’ai toujours eu une tendresse particulière pour les boulettes des gardiens.
Vous avez marqué de nombreux buts au cours de ta carrière. Mais si vous deviez n’en retenir qu’un, ce serait lequel ?
C’est difficile. Il y en a tellement… Mais je pense que mon préféré, c’est celui que j’ai marqué lors de Bastia - Lens en 2000 ou 2001… je ne sais plus trop. Tout simplement un banger : je vois le gardien lensois avancé et Franck Queudrue prêt à tout pour dégager la balle, donc je la lève un peu. Ca paye : grosse chandelle de 30 mètres, l’effet et le vent font le reste, le gardien est lobé. C’est une des rares fois où j’ai marqué un but d’aussi loin. J’en suis très fier.
Les pages à suivre