Winamax

[Blog] WSOP 2016 : bilan et analyses

Par dans Tournois LiveAnalyse de mains il y a plus de 7 ans.

Pour la première fois depuis bien des d’éditions des WSOP, je suis arrivé très tard à Las Vegas cet été : lorsque mon avion s’est posé, les épreuves avaient débuté depuis déjà trois semaines. Ce retard était volontaire et réfléchi :

Je voulais retrouver mon état d’esprit de 2014 où, après avoir gagné le SISMIX, j’ai débarqué à Vegas pour le 6-max à 3 000$ frais comme un gardon, et je l’ai gagné. Cette année, je voulais arriver en forme afin de débuter par des tournois short-handed (un format que j'apprécie et où j'ai beaucoup perfé) et jouer contre des adversaires qui seraient forcément un peu moins en forme que moi.

J’ai voulu éviter de me retrouver en situation de burn out au moment où arrivent le One Drop et le Main Event, les deux tournois les plus importants de mon programme et qui étaient placés tout à la fin des WSOP.

Je n’ai malheureusement plus l’endurance d’une jeune de vingt ans : l’énergie nécessaire sur le plan mental (et même physique) est tellement intense qu’il m’est devenu difficile d’enchaîner un trop grand nombre de tournois tout en conservant mon A-game. Il est important de se préserver afin d’être capable de rester concentré dix heures par jour plusieurs jours de suite.

J’ai (enfin) fini par le comprendre : il n’y a pas que le poker dans la vie ! Après tous ces étés passés à jouer aux cartes dans le désert, j’ai cette fois passé du temps avec ma copine et maté quelques matchs de l’Euro à Bruxelles en compagnie de mes amis d’enfance.

10K$ 6-max : une dernière main en forme de casse-tête

Ma décision allait s’avérer judicieuse : dès mon deuxième tournoi, j’ai atteint la table finale et terminé à une belle deuxième place sur un tournoi très prestigieux au field super solide, le 6-max à... Lire la suite

[Blog] La tête dans les étoiles (suite et fin)

Par dans Tournois LiveAnalyse de mains il y a plus de 7 ans.

Résumé du chapitre précédent : arrivé à Monaco avec autant d'espoirs que d'appréhensions, Pierre connait un départ canon sur le Main Event de la Grande Finale de l'EPT Monte Carlo. Grâce à un savant mélange de good run, de bluffs bien sentis et d'inspirations géniales, il attaque la troisième journée du tournoi (celle de l'entrée dans les places payées) en position de chipleader. Comment l'histoire va t-elle se terminer ?

Day 3 : le plan est clair

Durant tout le tournoi je n'ai jamais changé mon rituel. Réveil vers 9h30, petit déj’ copieux, puis ballade dans Monaco. J'arrive dans la Salle des Étoiles vers onze heures. Brief d'avant-coup d'envoi avec Stéphane. J'en profite pour demander des conseils à Davidi, grand habitué des deep runs sur l'EPT. La stratégie est simple : profiter de la bulle pour agresser les tapis moyens, puis ralentir la cadence une fois dans les places payées, lorsque les joueurs libérés de la pression de l'argent auront moins peur. Je tire une bonne table, où je ne reconnais qu'Erwann Pécheux, Jérémy Routier, et John Gale, un vieux de la vieille. Il hèle un serveur et paie une tournée à toute la table. La classe à l'ancienne, un gentleman old school comme on n'en fait plus. La table est facile, je passe un premier 4-bet contre Jérémy muni de As-Roi, puis vole une multitude de petits pots. Les joueurs sautent comme du pop-corn et la bulle se rapproche à vitesse grand V. Un scandi 3-bet puis 5-bet shove 10-9 dépareillés contre Jérémy Routier qui a les As. Il tombe à quinze blindes et tank trois minutes préflop toutes les mains. Je crois devenir fou et je le time dès que c'est son tour de jouer. Heureusement pour lui, la bulle éclate très vite, et il finit dans l'argent... avec... Lire la suite

[Blog] La tête dans les étoiles (chapitre 2)

Par dans Tournois LiveAnalyse de mains il y a plus de 7 ans.

Résumé du chapitre précédent : après un hiver difficile qui l'a vu perdre près de 100,000 euros, Pierre Calamusa retrouve ses coéquipiers du Team Winamax pour leur mise au vert annuelle. L'occasion de recharger les batteries avant de se diriger vers Monaco, où va bientôt commencer le plus gros tournoi Européen de l'année...

Day 1 : A Kid With A Dream

Au même titre que le Main Event des World Series of Poker et le PCA des Bahamas, jouer la grande finale de l’EPT à Monte Carlo était pour moi un rêve de gamin. Jamais je ne remercierai assez mon sponsor de me donner l’opportunité de vivre ce rêve. En amont, j’ai bien préparé ce tournoi, en limitant mes frasques nocturnes et en achetant énormément de quinoa et de lait d’amande dans des magasins bio. Je profite du Day 1A, que je ne joue pas, pour humer l’atmosphère des lieux : le field n’a pas l’air si relevé que cela. Certes, le gratin du poker mondial a fait le déplacement, mais il semble noyé dans le flot de qualifiés live et online. Les tables semblent bonnes, et je suis prêt. En rentrant me coucher, j'implore dernière fois le Dieu du Jinx de ne pas faire tomber sur moi la foudre du bad-beat. Le run pour les gentils one time please : j’ai très envie de siroter des petits cocktails à 25 euros durant tout l'été.

A l’aube du Day 1B, je me réveille en pleine forme. Le temps d'avaler un combo omega3/oeufs/courgettes/pain complet et il est déjà temps de prendre la route. Pas question d'arriver en retard. Les petits poissons qualifiés via les sats de type Expresso seront tous à l’heure, et le requin qui sommeille en moi ne raterait ce festin pour rien au monde. Je retire mon ticket au desk, rentre dans la mythique salle des Etoiles et m’installe à table. Il... Lire la suite

[Blog] Stratégie : quatre mythes déconstruits

Par dans GénéralAnalyse de mains il y a plus de 7 ans.

Actuellement au beau milieu d'une quête acharnée d'un bracelet aux World Series of Poker (déjà une demi-finale en heads-up et une finale en Deuce to Seven en dix jours : on vous raconte tout ici), Alexandre Luneau n'en continue pas moins de nous éclairer sur sa stratégie et le travail qui lui a permis de devenir l'un des joueurs les plus respectés du circuit. Dans cet article, Alexonmoon s'attache à détruire quelques mythes...

Tout le monde aime bien les principes stratégiques tout faits et faciles à retenir : ils peuvent grandement aider lorsque l’on est débutant. Le problème, c’est qu’ils peuvent aussi limiter votre progression et votre compréhension structurelle du poker.

Voici quatre de ces concepts/mythes que j’ai eu l’occasion d’entendre à de nombreuses reprises, notamment lors des tournois live Winamax que j’ai récemment disputés.

1/ « Si tu paies au turn, il faut payer sur la rivière. »

Variante : « Ta décision doit être prise dès le turn »

Probablement que les premiers joueurs à avoir formulé ce genre d’axiome étaient des amateurs de Limit Hold’em. Dans ce format, les mises et relances sont plafonnées: on aura donc toujours de meilleures cotes sur la rivière que sur le turn de par l’inflation du pot. Il est donc logique de très souvent payer sur la rivière après avoir payé le turn. Néanmoins, ne jamais abandonner sur la rivière était un leak assez évident chez pas mal de regs de l’ancienne école, qui ont tôt ou tard fini par en payer le prix.

Au poker, il faut toujours réévaluer sa situation : souvent, la rivière change le board et la façon dont les ranges interagissent entre elles. Certaines cartes vont tuer l’action. D’autres vont équilibrer les équités des deux ranges, voir même... Lire la suite

[Blog] Un tour du monde express

Par dans Life StyleAnalyse de mains il y a plus de 8 ans.

Après m’être déplacé aux Bahamas pour le grand rendez-vous poker de début d’année, j’avais décidé d’enchaîner directement sur Melbourne. C’était la première fois que je pouvais retourner en Australie (j’y avais passé un mois en 2012) pour aller jouer les fameux « Aussie Millions » dont on m’avait dit beaucoup de bien.

En effet, l’étape de Deauville ayant été supprimée du calendrier EPT, l’Australie s’offrait enfin à moi fin janvier ! Finie la morosité du climat de la Normandie en hiver, et place au soleil de Melbourne (en alternance avec la pluie de temps en temps, tout de même…), qui accueille pour mon plus grand bonheur l’Open d’Australie au même moment !

Bad run aux Bahamas

Après avoir fait l’impasse sur le PCA l’an dernier pour des raisons personnelles, je dois avouer que j’étais assez excité à l’idée de retourner sur Paradise Island au beau milieu de l’hiver. Pour des raisons météo, bien sûr, mais surtout parce que l’organisation de l’EPT avait prévu un énorme festival de tournois, avec de nombreux buy-in élevés (5000$ et plus). Même si les frais sur place sont exorbitants, on a le sentiment d’être en vacances sur cette île assez paradisiaque, et le fait de pouvoir jouer beaucoup de tournois « High-Stakes » compense quelque peu les frais.

La première mauvaise nouvelle, c’est que le buy-in de l’EPT avait été divisé par deux, et malgré tous les satellites organisés online, le nombre de joueurs inscrits sur le Main Event fut assez décevant : à peine plus que l’an passé. La « bonne nouvelle » c’est que ça ne m’a en rien affecté puisque je n’ai réussi qu’à survivre quelques heures durant le Day 1 ! Pas de quoi s’affoler toutefois, vu le nombre de side events au programme. J’ai donc enchainé pas moins de dix... Lire la suite

Les fondations de la pyramide

Par dans GénéralAnalyse de mains il y a plus de 10 ans.

Enghien-les-Bains, World Series Of Poker Europe 2013. Il reste dix joueurs dans le tournoi de Pot Limit Omaha Mixed Max. Nous sommes dans l’argent depuis environ deux heures et j’ai un tapis autour de la moyenne. Je suis en pleine confiance après être miraculeusement remonté de deux blindes à quarante en début de journée. Ma table est difficile mais je me sens capable d’en venir à bout. A celle d’à coté, Ludovic Lacay fait valser les jetons et construit des tours. Moins expérimenté que mon coéquipier dans cette variante, j’ai une approche un peu plus prudente. Il va falloir batailler pour me prendre mon tapis !

J’ouvre [Ad][Ah][Kc][Tc] au bouton et effectue une relance du minimum. Le joueur de grosse blinde, qui me couvre, annonce « pot ». Je fais un rapide calcul et réalise que je peux mettre 50 000 sur les 80 000 de mon tapis avant le flop : un scénario profitable avec cette forte main de départ. Je sur-relance au maximum. Mon adversaire réfléchit un long moment et paie finalement ma mise. Le flop est Valet-9-6 avec un trèfle. Il check. C’est loin d’être idéal pour moi car ce tableau a touché une bonne partie de sa range, lui donnant l’équité nécessaire pour justifier de jouer le reste du coup avec la moindre paire ou le moindre tirage. Avec ma paire d’as, ma ventrale et mon tirage couleur backdoor, je suis néanmoins obligé de mettre le reste. Je pousse mes 30 000 derniers jetons dans le pot de 100 000 et mon adversaire retombe dans un abime de réflexion. Qu’attend-il donc ? Après une longue minute, il finit par avancer la somme en maugréant. Je suis stupéfait en découvrant sa main : [3c][4c][5d][7d], soit une ventrale par le bas et deux tirages couleurs backdoor ! Ma... Lire la suite

Never give up

Un des avantages d'habiter à Londres est de pouvoir assister aux exploits des plus grands sportifs contemporains, des Jeux Olympiques à Wimbledon, des matchs de Premier League à d'occasionnelles confrontations UFC ou NBA. Ce que je trouve préférable à l'atmosphère sportive parisienne obnubilée par les gestes d'un footballeur suédois...

Mais l'évènement dont je voudrais parler aujourd'hui nous emmène loin du gigantisme des stades pour nous plonger dans l'atmosphère tendue et feutrée des tournois d'échecs. Fin mars se tenait ce qui est sans doute le plus important tournoi du jeu d'échecs de l'histoire : le tournoi des candidats, un affrontement au sommet entre huit des meilleurs joueurs du monde, dont le vainqueur obtient le droit d'affronter le champion du monde pour le titre.

Cet évènement était exceptionnel pour deux raisons : le niveau moyen des joueurs n'a jamais été aussi relevé au sein du même tournoi avec huit génies de leur discipline au palmarès impressionnant s'affrontant et, surtout, c'est la présence au départ du norvégien Magnus Carlsen qui a passionné les foules échiquéennes.

Carlsen a vingt-deux ans et est déjà numéro un mondial. Il a battu récemment le record de classement ELO de Garry Kasparov et gagne presque tous les tournois auxquels il participe. Son avance au classement sur le numéro 2 mondial est déjà quasiment irrattrapable. C'était sa première participation au tournoi des candidats et tous les observateurs l'érigeaient en grand favori. Carlsen est un cas à part dans le milieu des échecs, un diamant scandinave brut qui scintille au milieu des sept perles de l'ex-union soviétique.

Quand un tel phénomène se produit dans une discipline bien établie, je me pose... Lire la suite

Trois coups de poker à Deauville

Par dans Tournois LiveAnalyse de mains il y a plus de 11 ans.

L'actualité récente du milieu du poker professionnel est très riche en rebondissements, entre fiscalité et affaires de triche. M'étant déjà exprimé sur ces sujets sensibles sur les forums et réseaux sociaux, je préfère pour l'instant temporiser et attendre de nouveaux développements. En attendant, pour patienter, voici un petit blog stratégique à propos de trois mains disputées lors de l’étape European Poker Tour de Deauville. Toutes trois sont intéressantes et radicalement différentes.

Main #1
Level 1 (50/100) - Tapis effectif : 30 000

Nous jouons depuis une demi-heure et j'ai d'ores et déjà repéré un joueur Italien que j'ai affronté à Prague et qui a visiblement l'intention de jouer 90% des mains (on l'a vu ouvrir avec Q7o en milieu de parole, entre autres). Le voilà qui relance à 225 au hi-jack (deux crans avant le bouton). Aurélien Guignol ('guignol', chef de produit chez Winamax) est à sa gauche et à compris le manège : il sur-relance à 550. Au bouton, un jeune joueur Allemand qui n'a pas encore joué une seule main 4-bet a 1,400.

Étudions leur éventail de mans possibles :
-Italien : top 75% des mains, donc beaucoup de possibilités.
-Aurélien : j'estime qu'il va 3-bet pour isoler le joueur loose, et pour value (mais jamais en bluff complet car il ne s'attend pas a un fold) avec [Jd][Td] et plus, 99 et plus, et quelques connecteurs assortis.
-Allemand :  ce joueur peut avoir n’importe quelles cartes ! Je ne sais pas d'où vient cette mode (peut-être est-ce l’école online Allemande) mais depuis plusieurs années, beaucoup de réguliers ou qualifiés Allemands sur le circuit pratiquent un jeu très serré entièrement basé sur l'image preflop, en faisant des moves dans... Lire la suite

En coulisses du WiPT




Depuis la fin du mois d’Octobre, le Winamax Poker Tour sillonne les routes de France pour le plus grand plaisir des joueurs amateurs.


En tant que membre de l’équipe pro Winamax, je représente le Team sur certaines étapes. Après avoir pendant plusieurs années monopolisé Toulouse et Bordeaux, mes villes familiales, je me suis rendu cette année à Biarritz et Nice. Beaucoup d’entre vous sont ravis de rencontrer les pros du Team et en profitent pour poser de nombreuses questions, parmis lesquelles une assez marrante qui revient toujours : ça ne vous gonfle pas trop d’être là ?


Pour être très honnête avec vous, participer au tournoi en lui-même, distribuer les cartes, etc., ça ne me fait pas personnellement vibrer, même si j’aimerais bien un jour faire un gros deep run sur une étape… Le premier côté intéressant, c’est de rencontrer des passionnés qui ne sont pas là pour rien : ils ont galéré à se qualifier et jouent au poker depuis plusieurs années dans des clubs locaux. C’est toujours un plaisir de leur donner deux/trois conseils ou de partager quelques anecdotes.


Il y a également les challenges iPad où je me prends toujours au jeu... Objectif : vous battre en disputant quatre heads up simultanément. Donc pour répondre à votre question : non, ça va, cela ne nous fait pas trop chier d’être là.


Et je ne vous ai décrit que la partie visible de ce qui se déroule durant un WiPT. Le plus sympa, c’est bien entendu la suite… le “off the records“. Je vais vous prendre l’exemple de Biarritz. J’arrive en voiture avec des amis de Toulouse où je me suis posé quelques heures plus tôt quand Matthieu (le Boss du WiPT) me téléphone et me demande notre... Lire la suite

La progression

Par dans GénéralLife StyleAnalyse de mains il y a plus de 11 ans.


J'ai récemment réalisé un contraste intéressant entre les questions récurrentes des journalistes et celles des joueurs de poker. Quand je réponds à des interviews pour la presse spécialisée, 70% de leurs questions m'ont déjà été posées. Je joue donc au jeu du mec qui essaie de se répéter sans que cela ne soit trop flag.

Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, les questions que me posent ces journalistes n'ont rien à voir avec les questions que me posent directement leur "cible", c'est à dire les passionnés. Ces joueurs amateurs que je rencontre lors des nombreuses étapes du WiPT me posent presque systématiquement une question qu'aucun journaliste poker ne m'a encore posée.

Comment relancer la machine quand on stagne sans trop savoir ce qui ne va pas ?

Comme je l'ai dit dans un blog précédent, quand on ne gagne pas ou plus, blâmer la variance, ce n'est que se voiler la face. Il y a deux possibilités : soit vous avez raison et vous jouez de malchance, auquel cas travailler votre jeu ne vous fera pas de mal ; ou bien la variance n'est pas seule responsable et bosser est la solution.

Bosser, oui, mais bosser comment ?

Après des centaines de milliers de mains jouées dans un certain style ou schéma, il peut être très difficile de voir ce qui ne fonctionne pas. C'est là qu'il faut savoir se mettre en danger.

La solution est aussi simple que ça : il faut explorer d'autres styles. Par exemple, ne pas hésiter à jouer un style beaucoup plus loose, tenter des moves qu'on n'ose jamais, faire des bluffs insensés. Élargir sa palette de moves, en sorte.

Bien sûr, vous allez perdre. Beaucoup perdre même. Mais il faut considérer ça comme un investissement sur le futur. Quand on ne... Lire la suite