Ciao ragazzi !

Tout d’abord j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année, et je vous souhaite à tous une bonne année 2025 ! Mais avant cela... Il s'est passé quelque chose d'incroyable aux Bahamas. Mamma mia, il m’a fallu un peu de temps pour m'en remettre !

Oui, le Main Event à 25 000 $ des WSOP Paradise a été un tournoi vraiment spécial. Je me suis retrouvé plusieurs fois avec un tapis compris entre 8 et 10 blindes mais, d'une manière ou d'une autre, j'ai toujours réussi à remonter la pente.

Ces WSOP, c'était un événement très particulier. D’abord je dois féliciter Naza pour le meilleur résultat de sa carrière. Nous nous sommes connus ici-même il y a onze ans, lorsque nous avons tous les deux atteint la table finale du 25 000 $ du PCA. Qui aurait pu imaginer qu'un peu plus d'une décennie plus tard, nous aurions tous les deux encaissé notre plus gros gain en carrière à 48 heures d'intervalle, et au même endroit ? Bon, maintenant, parlons un peu de moi.

Avant d’aller à Nassau, j'avais décidé de passer un peu de temps en Floride pour m'acclimater. Là-bas, j'ai même joué le WPT Seminole à Fort Lauderdale. J'étais un peu déçu de ma performance à l'EPT Chypre et de la façon dont j'avais géré le High Roller à 10 000 $ (vous le verrez dans un épisode de Dans la Tête d'un Pro) et par conséquent, j'avais décidé de me laisser un peu de temps pour travailler à la fois mentalement et techniquement. Ce dans le but de réaliser une bonne performance et donner une leçon aux nouveaux petits jeunes !

J'ai essayé de garder une routine très stable, en me levant assez tôt et en ayant un régime alimentaire correct. Je ne sais pas pourquoi, mais quand la météo est bonne, j'ai moins d'appétit et je suis toujours beaucoup plus actif. De Miami aux Bahamas, cela prend environ 50 minutes de voyage, donc le matin du 9 décembre, j'ai pris un vol et je suis allé directement jouer le Mini Main à 2 700 $. L'Atlantis Resort est un endroit très spécial pour moi : je m'y sens chez moi. J'y ai été très souvent et j’y ai obtenu plusieurs de mes meilleurs résultats, donc c'est toujours un endroit qui me donne beaucoup de confiance et d’envie de bien faire. J'ai réussi à deeprun ce premier tournoi, au prix d'une deuxième bullet, mais à 200 joueurs restants, le rêve s'est achevé sur un coin flip, deux Valets contre As-Dame. J'ai également joué un freezeout à 5 000 $ dans lequel j’ai été éliminé lors des 15 dernières minutes du Day 1, après avoir doublé mon stack. Mais j'ai fait une erreur avec une paire de 9 en jouant une main marginale pour 18 BB alors que je pouvais folder. Quoi qu'il en soit, le lendemain, j'ai fait une pause et j'étais prêt pour le gros tournoi : le Super Main Event à 25 000 $ et ses 50 millions de dollars garantis.

Muss' Ninja

Le Day 1 a été un peu difficile au début. Je suis tombé à 300 000 jetons (sur 500 000 au départ), mais ensuite j'ai commencé à accélérer. J'ai eu la chance de gagner deux Rois contre deux As et peu après de passer un cooler contre un autre joueur avec deux Rois contre As-Roi. À partir de ce moment, j'ai vraiment pris le contrôle de la table en faisant d'excellentes lectures et en terminant avec un stack de 2,2 millions. Le tournoi proposait beaucoup de Day 1 et, après avoir passé le Day 1A, j'avais trois jours libres avant le Day 2. Pendant ces temps off, j'ai gardé le même style de vie : réveil tôt, promenade, un peu de plage quand le temps le permettait, du sport et quelques déjeuners/dîners avec des amis que je ne vois pas souvent. Mais passons au Day 2.

J'ai connu un début catastrophique, en passant de 2,2 millions à 500 000 jetons. Lors des trois ou quatre premières heures, tout était contre moi. Chaque fois que j'avais une bonne main, les autres en avaient une meilleure, et ainsi de suite. En début de journée, j'essaie toujours de prendre des informations et de jouer avec une stratégie généralement TAG [Tight Agressive], en déviant lorsque j'obtiens des informations adéquates. C’est surtout avec cette profondeur de tapis qu’on peut se permettre une excellente sélection de spots, mais apparemment pas cette fois. De retour après la pause, tout a changé. J'ai gagné quelques mains post-flop et ensuite, j’ai presque doublé avec A-K sur K-T-9-A-5, mon adversaire ayant call/muck à la river. Après, je ne me suis plus retourné et j'ai terminé la journée avec 6 millions et une place assurée dans l'argent.

Le troisième jour, j'ai commencé à une table vraiment difficile, avec d'excellents joueurs, comme Michael Addamo et David Yan, qui sont tous les deux de très bons amis mais aussi des adversaires coriaces. J'ai éliminé David assez tôt dans la journée en faisant une couleur à la river : quand je suis parti à tapis, il ne m'a pas cru et a voulu me bluff-catch avec Q-Q sur un board A-2-4-6-3. Des 6 millions initiaux, j'ai réussi à monter à environ 15 millions. La table s'était en quelque sorte adoucie, et c'était devenu un peu une guerre entre Michael et moi. Lui prenait des jetons aux autres joueurs, et grâce à un peu de chance, je les lui reprenais.

Je change alors de table et tombe à 6 millions. Je parviens à remonter à environ 16 millions avec quelques coups full ninja [quand on se bat comme un fou avec un petit tapis entre 8 et 15 BB]. À 15 millions, je mise 11 millions avec K-Q sur K-Q-5-3 contre A-A mais là, mon adversaire trouve la bonne river. Ici, encore une fois, je réussis à lâcher prise et, avec un peu de chance, je double d'abord avec 10-9 suité contre As-Dame sur Q-T-9, puis je gagne avec A-J contre K-Q. Au final, je parviens à mettre 13 millions dans le sachet, soit environ 13 blindes pour le Day 4.

Pression constante

Le quatrième jour a été une explosion d'émotions. Je vole quelques blindes et je réussis à gagner un coup important sur lequel mon adversaire fait un continuation bet en 3-way sur J84. Je fais tapis pour 8 millions en le poussant à folder. À partir de ce moment, je commence à mettre la pression, même avec un petit tapis. Je place beaucoup de 3-bets et ça fonctionne. Après quelques niveaux, je me retrouve avec 40 millions. Nous sommes de moins en moins nombreux par rapport aux 1 978 joueurs du début. Il ne reste que 2-3 tables et je commence à entrevoir le bout du tournoi... En jouant pendant de nombreux jours, super concentré, contre les mêmes adversaires, je réussis à déceler des tells et des patterns majeurs sur beaucoup d'entre eux et beaucoup de mes décisions sont basées sur cela. Liv [Boeree] m'accompagne à la table pendant tout le Day 4. Nous sommes de vieux amis, mais c'est un plaisir incroyable de l'attraper la main dans le sac. Je parle notamment de ce coup vraiment fou où, à la river, je me base énormément sur les tells pour faire un hero call - théoriquement, c'est presque toujours un fold avec cette combinaison.

Je suis UTG à 2 tables restantes, et je relance avec As-10. La grosse blind défend. Le flop est 785x et j’ai le 10. On check tous les deux. Turn 9, qui me donne un tirage quinte flush par les deux bouts. Elle mise 7 millions, je paye. Un 9 tombe river, ce qui change toute la texture du board. Elle mise 14 millions, et après avoir utilisé mon dernier timebank, je décide de payer avec hauteur As. Elle montre Dame-Valet et je remporte le pot. Ensuite, je perds un coup très important à 11 left où je relance au cut-off avec As-Dix dépareillés. Le joueur en BB semble d'humeur à faire un move car j'ai beaucoup ouvert depuis le CO jusque-là. Il fait tapis pour environ 20 BB et je paye. Il montre Q-J suité et un Valet tombe à la river. Je me retrouve de nouveau parmi les petits tapis.

À la table, Ren Lin essaie de pousser comme un fou en mettant la pression sur les shorts stacks. Il décide de relancer UTG alors que nous sommes cinq à table et, avec une bonne lecture, je décide de tout mettre avec A-5 off en position de BB, m'attendant à beaucoup de folds. Et en effet, il se couche. La main suivante, j'ai 13 BB en petite blinde, tout le monde fold, je fais tapis et la grosse blinde se couche. La main suivante, avec 16 BB, j'ai A-Q au bouton et je décide d'ouvrir à 2 BB, avec dans l'idée de payer un tapis, bien sûr. "ladygaga" [Ren Lin] fait tapis depuis la SB, je call. Il a K-J et je gagne. La main suivante, je regarde mes cartes et j'ai A-K. Je relance depuis le cut-off et ladygaga part à tapis une nouvelle fois. Je paye, il a Q-10 suité et ça tient. Après ces quatre mains, j'ai environ 150 millions, à égalité avec le deuxième, et avec Michael qui a un peu plus de 185 millions. Le dixième sort sur l'autre table et je me retrouve en table finale du Super Main Event des WSOP Paradise ! Andiamo!

En jouant, je ne m’étais pas vraiment rendu compte de ce qui s'était passé. Très souvent, même mes réactions à la table sont planifiées. Par exemple, avec Ren Lin (que je connais) qui est toujours très charismatique : avec un gros stack, il peut mettre beaucoup de pression. J'avais évalué qu’exulter en cas de pots gagnés contre lui pouvait peut-être l'inciter à tilter un peu plus facilement. Vous n'avez pas idée du nombre de fois qu'il a gagné un gros pot contre moi pour ensuite crier "Lady Gaga" ! Mais je dois être sincère, c'est toujours un plaisir de jouer avec lui car il apporte une énergie spéciale partout où il va, donc bravo à lui. Après avoir vu Liv pleurer, le jeune Chinois [Yinan Zhou] devenir fou de joie et tous les autres visiblement émus, j'ai réalisé que ce n'était pas une table finale comme les autres et que les émotions étaient vraiment différentes. Je suis retourné dans ma chambre et j'ai essayé de me détendre et de dormir, mais l'adrénaline était vraiment trop forte.

Revenir plus fort

Le matin, je me suis levé très tôt et j'ai étudié un peu la table finale et mes adversaires, en essayant de comprendre comment générer le plus d'edge possible. Me voilà prêt ! La seule erreur que j'ai commise pour la finale a peut-être été de changer de tenue. J'avais décidé de jouer tous les jours avec une djellaba traditionnelle, mais pour tenir la promesse faite à un cher ami (qui a la meilleure société de café en circulation), j’ai joué la table finale avec son pull parce qu’une promesse est une promesse.

Au début de la TF, je pense avoir joué un excellent poker. J'ai beaucoup attaqué les tapis moyens et bien sélectionné mes spots contre les gros. Avec mon expérience, j'ai toujours eu une règle : il faut arriver en 3 ou 4-handed le plus souvent possible en gérant et en attaquant, parce qu'il y a beaucoup de variance lors de cette phase. Les ranges changent, il faut prendre plus de spots marginaux et, par conséquent, gagner n'est pas toujours facile, mais se sentir triste ou abattu après avoir gagné autant d'argent serait vraiment malvenu. Si nous sommes tristes même quand nous remportons notre plus gros gain, alors nous ne serons jamais heureux dans la vie. Je sais que j'ai donné le maximum pendant cinq jours, avec beaucoup de hauts et de bas. En attaquant, en faisant des hero calls, en bluffant et en faisant tout ce qu'il faut. Puis, à trois joueurs left, j’ai pris quelques décisions erronées. Un peu de variance et de mauvaises cartes ont décidé que c'était mon destin, et bravo aux deux gars qui ont mieux joué que moi.

C'est la première fois que je mets un peu de temps à me remettre. J'ai pris 4-5 jours de repos complet mais j'avais encore la gueule de bois. Je suis vraiment motivé pour 2025. Peut-être qu'un jour je gagnerai un bracelet WSOP, mais quoi qu'il arrive, je sais que, sous le soleil ou sous la pluie, je ne lâche pas. Je me bats et j'attends que le ciel s'éclaircisse pour revenir toujours plus fort qu'avant.

Les pages à suivre