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[Blog] Running Up That Hill

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Blog Gaelle Créa

Comme chaque année, c'est au rythme des articles du coverage Winamax et des notifications WhatsApp que j'ai suivi la première partie des World Series of Poker 2022. En effet, je faisais partie des derniers arrivants de la troupe W à Las Vegas. La raison ? J'essaie de centraliser un maximum de tournois en un minimum de temps afin de ne pas rester éloignée trop longtemps de ma fille. Plus de trois semaines, c'est déjà énorme ! Certains pensent que je fais exprès de partir tous les ans à cette époque pour éviter de me porter volontaire pour la kermesse de la fête de l'école. Eh bien, si vous imaginez que je n'ai aucune envie d'être préposée à la remise en place du chamboule-tout pendant cinq heures sous 35 degrés... Vous avez totalement raison.

Le problème quand vous partez sur un programme restreint, c'est qu'il faut arriver à 100%. Ce n'était pas vraiment mon cas cette année. J'ai commencé à me poser des questions quand le fond de ma gorge m'a titillé dans l'avion. Puis cela s'est rapidement vérifié sur place. 24 heures après mon arrivée sur Vegas, c'est le drame : alors que j'avais calé ma venue pour débuter par le tournoi Ladies, une épreuve que j'attends toujours avec impatience, je me suis réveillée au milieu d'une grande mare de transpiration dans mon lit. 41° de fièvre, des frissons, une énorme barre au crâne... Si ce n'était pas le COVID, ça y ressemblait fortement. Les deux premiers jours, il m'était même impossible de manger ou de boire quoi que ce soit sans que je pousse des cris dignes d'un phoque en rut.

Retour à la vie

C'est donc après cinq jours (et un test négatif) que j'ai enfin pu mettre le nez dehors et apprécier les 45 degrés de Las Vegas. Enfin, surtout l'air conditionné des casinos Bally's et Paris ! À ce sujet, je dois dire que le déménagement des WSOP sur le Strip fut un succès sur tous les plans. L'organisation est toujours aussi bien rodée, le lieu très accueillant, les possibilités de se restaurer se sont multipliées et surtout, il y a de la vie. C'est quand même agréable d'avoir quelques endroits directement sur place pour débriefer entre joueurs et boire un verre une fois le tournoi terminé sans avoir à prendre la voiture. Personnellement, je me suis installée au Vdara et j'ai mis en place ma petite routine. Trajet à pied au casino en passant à moitié sur le Strip et à moitié à travers le Cosmopolitan, casque vissé sur les oreilles - son du séjour : Running Up That Hill de Kate Bush, même si je ne suis pas une mordue de Stranger Things... - et retour en voiture avec Harper quand nos horaires concordaient.

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Niveau poker, j'ai ouvert les hostilités par le Mystery Bounty à 1 000 $. Vous avez déjà dû entendre parler du concept ; mais si pour vous les innovations poker se sont arrêtées avec les tournois Révolution, sachez qu'il s'agit d'un tournoi Knockout, mais où le montant des primes d'élimination est... aléatoire. L'aspect compétitif d'un MTT KO avec l'adrénaline d'un Expresso, en gros ! Sauf que les primes mystères débutaient seulement à partir du Day 2... Et que seuls 5% des joueurs y accédaient. Autant vous dire que je voulais absolument vivre ce moment, surtout qu'une prime à 1 million de dollars traînait parmi les récompenses. Mais vous imaginez bien la structure associée : un bon tournoi turbo des familles durant lequel il fallait gagner un paquet de coups à tapis préflop pour finir dans le bon wagon. J'ai tenté ma chance cinq fois, sans succès. Et entre la maladie et ce tournoi, ce fut déjà l'heure... du Main Event.

Du rêve...

Vous le savez, sur le Main Event il est interdit d'arriver en retard. Je vous rappelle qu'une année, un joueur à ma table avait l'ordre des mains écrit sur un petit bout de papier à côté de lui et le consultait pendant les coups. Une quinte plus forte qu'un brelan ? Ce n'était pas évident pour lui. Il avait gagné son entrée en envoyant « POKER » sur le 6 12 12 américain. Dingo ! Mais malheureusement, aucune trace d'un tel spécimen sur ma première table de l'édition 2022. On était plutôt sur du profil de joueurs qui passent leurs journées à parler GTO sur Discord, pas à envoyer des textos à une radio locale pour gagner des lots.

Ma journée démarre bien, je me sens toujours aussi à l'aise sur ce tournoi et monte des pions. Et même si la suite est plus compliquée, je le sais : sur le Main Event tomber bas n'est pas un problème. Je ne suis pas vraiment stressée lorsque je termine la journée avec la moitié du tapis de départ. Je profite d'un day off à chiller au bord de la piscine et repars au combat, non sans avoir pris le soin de longuement étudier le profil des joueurs à ma table. S'il y a un tournoi dans l'année sur lequel il faut faire un gros travail de sape en amont, c'est bien le Main. Et là, c'est l'embellie puisque je multiplie mon tapis par dix en moins de six heures ! Un mélange de bons calls, de bons folds et une bonne dose de good run. Qu'est-ce que je kiffe ce tournoi !

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Et si je ne parviens pas vraiment à marcher sur la bulle durant le Day 3, je termine avec un tapis dans la moyenne. Les premières interviews débutent même si, je dois bien le dire, c'est plus calme pour moi depuis que CBS a racheté les droits à ESPN. Enfin, c'est ce que je crois. Les caméras commencent à scruter ma table en permanence lors du Day 4 : ça tombe bien, je joue le poker de ma vie ! Bons calls hauteur Roi, hauteur As, adversaires qui passent quand je bluffe... Vous connaissez ce sentiment d'invincibilité ? Quel bonheur. Les joueurs en face finissaient par ne plus vouloir me jouer. Je bénéficie en plus d'un beau setup AA contre KK et grimpe à 1,7 million de jetons, soit près de trois fois la moyenne. Puis, après un changement de table, me voilà embarquée sur la troisième table télévisée.

... au cauchemar

Et là, devant les caméras, c'est la catastrophe : je perds 60% de mon tapis après un enchaînement de spots défavorables. C'est donc bien frustrée que je retrouve mon lit. Mais je dois faire face : je suis au Day 5 du Main Event pour la troisième fois de ma carrière ! Il reste 380 joueurs sur les 8 663 au départ, dont seulement 8 femmes. J'ai la possibilité de terminer « Last woman standing » pour la troisième fois, ce qui constituerait un record. Pas une finalité en soi, mais il est toujours bien de marquer la discipline dans laquelle on évolue. À l'heure d'arriver dans la salle, petite boule au ventre. Les organisateurs m'ont placée en table télévisée. J'ai beau avoir l'expérience, je n'apprécie jamais d'y être. Et il y a des joueurs que la table TV transforme. C'est le cas de Aaron Zhang que je ne connaissais pas avant le tournoi, mais qui a une image extrêmement loose et agressive à table.

C'est contre lui que je vais avoir la décision la plus compliquée de mon tournoi. Après avoir relancé UTG avec As-Roi et l'avoir vu payer UTG+2, la BB défend. Je c-bet un tiers du pot sur un flop 8-4-2 rainbow. Aaron est le seul à payer. Sur le turn 5, j'opte pour un check-call. Tombe alors un 9 river sur lequel il mise 480 000 dans 600 000. Certes, je n'ai que hauteur As, mais sa mise indique une main très polarisée. Il a une image de moi très tight et je ne l’imagine aucunement value bet un 8 ou un 9 ici. Dans ma tête, je vais payer mais je prends tout de même le temps d'analyser plus en détails la situation. À ce moment-là, je décide alors de me détacher un peu de la main pour prendre du recul. Si je passe, il me reste 25 blindes, un tapis encore assez confortable sur un Day 5 du Main Event. Si je me trompe, je tombe à 8 BB, ce qui serait catastrophique. Si je suis mon analyse et que j’ai raison, je repasse à 43 BB. Sauf qu'il pourrait bluffer avec une meilleure main que la mienne, comme une petite paire... Et j'ai l'impression qu'il correspond à ce profil.

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Après trois minutes, je finis finalement par rendre mes cartes en songeant davantage à l’importance de conserver mon stack. J'apprendrai plus tard qu'il avait Roi-6 pour un bluff (et un call préflop "original"). Je terminerai finalement le tournoi quelques mains plus tard sur un setup AK vs KK duquel je n'ai pas pu me sortir. Je finis 302ᵉ. Je suis dégoûtée, je m'en veux. C'est déjà très dur d'être éliminée du Main Event, mais c'est pire encore quand on a l'impression qu'on aurait pu faire mieux sur une main. J'empoche au passage 40 900 $, rendant mon Vegas positif financièrement. Mais je le répète : c'est dur. Après quelques heures à me morfondre, j'embarque Harper pour un petit dîner à l'Atelier Robuchon, le meilleur des remèdes après une jolie performance un peu frustrante. On retrouvera ensuite Sarah Herzali et quelques autres amis au Rhum Bar pour quelques pas de danse en profitant de la vie.

Mon Vegas se termine déjà, après quelques tournois supplémentaires où je n’ai pas perfé. Mais j'ai à nouveau vibré sur le Main Event et je n'ai qu'une envie : que ça revienne. D'ici là, je m'accorde une trêve de trois semaines, puis je reprendrai à Barcelone à la mi-août pour l'European Poker Tour. J'ai coché l'intégralité du programme sur mon agenda !


O RLY

Une des premières vraies terreurs au féminin de la nouvelle génération. Un talent fou de choc et de charme !

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