[Blog] Mes superhero calls
dans2008 : Heads-up pour mon premier bracelet
WSOP Pot-Limit Hold’em 2 000 $ (605 entrées)
22 juin 2008. C’est ma première table finale aux World Series of Poker, et avec Chris Bell cela fait déjà deux heures que nous jouons en heads-up. Les blindes augmentent, les tapis se resserrent : j’ai moins de 20 blindes. Le déroulement exact du tout premier gros hero call de ma carrière s’est perdu dans les limbes de l’histoire… Ce qui est certain, c’est que ma main n’était vraiment pas terrible : K
6
, une hauteur avec laquelle je paie la moitié de mon stack sur la rivière d’un board 7
A
7
8
A
.
Si je me rappelle bien, j’ai défendu ma BB, puis le flop a été checké. Ensuite, j’ai décidé de miser sur le turn - d’un point de vue technique, je ne trouve pas ça génial avec le recul. Sur la rivière, j’ai tank très longtemps avant de payer. Mon call me semble toujours OK aujourd’hui, car beaucoup de tirages ont manqué la rivière. Mais il n’en reste pas moins très difficile, à cause du profil de mon adversaire : Chris Bell est un joueur « old school », plutôt serrure, qui ne bluffait vraiment pas beaucoup. Et puis, il y a aussi le fait que si je me plantais, je tombais très, très short stack. Mais non : mon hauteur Roi était devant, et deux heures plus tard j’ai gagné mon premier bracelet WSOP, seulement un mois après avoir rejoint le Team Winamax. Un rêve devenu réalité !
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2012 : Heads-up pour la Triple Crown
EPT Berlin 5 300 € (745 entrées)
Me revoilà en heads-up pour un titre majeur. Cette fois je fais face à Andrew Chen, un pro Canadien plusieurs fois passé à côté de la consécration au cours des cinq années précédentes : 3e de l’EPT Prague, 2e d’un 1 500 $ des WSOP, 5e à l’EPT Monte Carlo…Quand arrive cette main, je joue 65 BB contre 75 BB chez mon adversaire.
Chen ouvre à 2,5 fois la BB depuis le bouton. Je défends avec A3
puis paie un c-bet (40 % du pot) sur J
7
5
. Le turn 9
est checké et je transforme ma main en bluff sur la rivière (un 10
) en misant un peu moins de la moitié du pot. C’est là que Chen décide de me relancer, pour trois fois le montant de ma mise. Après avoir réfléchi très longtemps (une autre de mes spécialités !) j’ai décidé de payer, malgré le fait que je ne battais que 15 % des mains possibles chez mon adversaire. J’étais persuadé qu’il bluffait… et même si certains de ses bluffs battaient mon hauteur As, j’estimais le call profitable.
Ce coup m’a permis de passer chip-leader, et aussi de prendre l’ascendant psychologique (comme dirait l'autre) sur Andrew Chen. Je ferai un autre hero call gagnant peu de temps après (à tapis, sur la rivière, avec la troisième paire du board) et finirai par remporter le tournoi. Mon premier titre European Poker Tour, celui qui m’a par la même occasion offert la fameuse « Triple Crown » !
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2014 : En demi-finales vs Pierre Calamusa
Winamax SISMIX 550 € (670 entrées)
Il ne reste plus que 11 joueurs en course dans la toute première édition du SISMIX à Marrakech. J’ai un tapis de 50 BB environ, pareil que mon adversaire, un certain Pierre Calamusa qui à l’époque n’a pas encore intégré le Team Winamax mais est déjà reconnu comme une future valeur sûre du poker. De petite blinde, je relance avec 10
9
. LeVietFou défend sa BB. J’envoie un premier barrel sur le flop J
9
4
, puis un second sur le turn, une Q
. Là, Pierre me relance. Je paie, puis paie encore sa grosse mise sur la rivière, un 3. Pierre rend aussitôt ses cartes au croupier : le pot est pour moi.
Même si, avec le recul, je ne vois pas l’intérêt de ma mise sur le turn avec cette main, elle m’a permis de provoquer un bluff chez mon jeune adversaire agressif. Le fait de bloquer un 10 et d’avoir perçu des tells chez Pierre m’a permis de faire ce call avec la troisième paire, et de me mettre dans une excellente position pour la table finale. Quelques heures plus tard, j’ai remporté le SISMIX. Mon premier (et à ce jour mon seul) titre sur un tournoi organisé par Winamax !
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2014 : à deux marches du troisième bracelet
WSOP NLHE 6-max 3 000 $ (810 entrées)
Les Championnats du Monde 2014 viennent de commencer. Je viens d’arriver à Las Vegas : ce 6-max à 3 000 $ l’entrée est mon premier tournoi WSOP de l’été. Après trois jours de partie il ne reste plus que trois joueurs sur le podium télévisé. Je suis chip-leader avec 90 BB. En SB, il y a Gordon Vayo (20 BB), en BB il y a Tony Ruberto (40 BB).
Avec Q4
, je décide de limp mon bouton. Il n’y a pas de relance et nous voyons tous les trois le flop : A
J
10
. Tony prend le lead avec une mise de 2 BB. Je call, Gordon fold. Le turn 2
m’ouvre un tirage couleur en plus de la ventrale du flop. Tony mise encore : 4 BB. Je paie et passe complètement à côté de la rivière, un 10
qui ne fait rentrer aucun de mes tirages, pas même une paire. Tony mise une dernière fois : 10 BB.
Contrairement à mon habitude, cette fois je n’ai pas réfléchi très longtemps avant de payer. Même pas 15 secondes. Entre le style très aggro de mon adversaire et la line qu’il avait suivie tout au long de la main, je ne voyais qu’une seule main possible chez lui : un tirage manqué. Et c'est bien ce qu'il avait.
Les moments qui ont suivi mon call sont presque plus rocambolesques que la main en elle-même : très tilté par le résultat, mon adversaire m’a carrément accusé d’avoir discrètement jeté un œil à ses cartes pendant la main (complètement faux, évidemment) et a exigé que nous changions de place afin de mettre plus de distance entre nous deux !
Sur ce dernier point il a obtenu gain de cause… mais cela n’a pas suffi à empêcher son élimination en troisième place. Derrière, j’ai disputé un long duel contre Gordon Vayo (j’ai eu le temps de placer un autre petit hero call sympa, encore avec hauteur Dame) qui s’est terminé avec l’obtention de mon troisième bracelet WSOP. Tout juste deux semaines après ma victoire sur le SISMIX ! Un moment inoubliable.
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2016 : En ligne ça marche très bien aussi
Summer Shots - Event 29 : NLHE 4-max 10 € (5 584 entrées)
On voit moins de tells en ligne qu’en live mais on ne voit certainement pas moins de bluffs ! Je suis en demi-finales d’une épreuve du festival d’été de Winamax. En bataille de blindes, je complète ma SB avec 10 et 7 dépareillés, et la BB check très rapidement. Je manque le flop mais je mise, c'est payé. Pareil sur le turn. Sur la rivière, je n'ai toujours rien et c'est mon adversaire qui mise. Je paie quand même. Il retourne… hauteur 7 !
2018 : Quand Macao rime avec héros
APPT Macau - Main Event (356 entrées)
Direction l'autre bout de la planète : Macao, le Las Vegas de l’Asie, pour le Main Event d’une étape de l’Asia Pacific Poker Tour. On est au Day 3, dans les places payées mais la finale est encore loin, il reste 4 tables. Je suis un peu short avec mes 19 blindes. Après avoir défendu ma BB avec 7 et 8 dépareillés, je check/call deux fois d’affilée sur un flop 6
7
9
puis un turn Q
. Sur la rivière (un 4
), on me demande mon tapis. J’hésite pendant un trèèèèès long moment, j’observe bien mon adversaire, à plusieurs reprises je m’empare des jetons avant de les reposer, mais… je finis par payer. Mon adversaire retourne K
2
: il a manqué son tirage !
Après avoir doublé mon stack de cette manière, je terminerai le Day 3 en tant que chip-leader, mais je serai éliminé deux jours plus tard en 9e position.
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2018 : à la conquête des High Rollers
Super High Roller 25 500 € - partypoker MILLIONS Barcelone (90 entrées)
Heads-up pour un titre supplémentaire… mais pas n'importe lequel : mon palmarès est encore vierge de victoire sur un gros High Roller, et l’Espagnol Juan Pardo est le dernier pouvant m’empêcher d'atteindre cet objectif.
Quand arrive LA main, je joue 32 blindes, un peu plus que les 27 BB de mon adversaire. Au bouton, je min-raise avec AK
. Juan défend sa BB et le flop tombe 9
5
4
. On check tous les deux. Même topo sur le turn, un 6
. C’est donc sur la rivière, un très intéressant J
, qu’il va véritablement se passer quelque chose : Pardo mise les 3/4 du pot (3,2 BB). Avec mon As-Roi, je ne bats pas grand chose mais je paie : mon adversaire retourne Q
10
.
Vous me direz que ce n’était pas un gros pot et vous aurez raison, mais cela n’en reste pas moins une main cruciale pour moi. Elle m'a permis de creuser mon avance, et d'engranger un max de confiance pour la suite de mon duel contre un joueur très coriace. Et au final je suis bel et bien parvenu à gagner mon premier titre sur un Highroller live !
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2019 : La loi des six Series
Winamax Series - Event 107 : NLHE 6-max KO 50 € (3 907 entrées)
Nous ne sommes plus que 4 en finale. Avec mes 87 BB, je suis chip-leader et je m’apprête à jouer un énorme coup contre l’autre gros tapis de la table (71 BB). Avec une pocket paire 7
7
, je défend ma SB face à une relance du joueur UTG, bien armé lui aussi avec ses 58 BB. L’autre gros stack est en BB et squeeze pour 8,8 BB.
Je paie ce squeeze, puis je paie le reste : check/call sur le flop JQ
J
, check/call sur le turn A
, puis check/call tapis sur la rivière, un 5
. Mon adversaire retourne… 9
8
!
Magie, magie, et vos idées ont du Génie@KitBul
— Steven B. (@Veunstyle) April 9, 2019
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J’avais bien observé la manière dont jouait cet adversaire, et j’ai décidé de faire confiance à ma lecture, qui était que ce genre de line correspondait beaucoup plus à un bluff qu’à un value bet ! Une centaine de mains plus tard, j’étais le dernier joueur à table : je venais de remporter mon sixième magnum de champagne des Winamax Series.
Cliquez ici pour le replay cards up de la finale
Bon... c’est bien beau ces souvenirs, mais j’ai faim de hero calls tout neufs. Vivement le retour du live ! Vous irez mollo sur les bluffs : après un an et demi sans tanker ni décision compliquée en live, c’est pas sûr que je parvienne à trouver le bouton fold sur la rivière…
Allez saaaaalut, COAD !
Kitbul