[Blog] Ma victoire irlandaise
Par Général Tournois Live
dans« Il », c’est le Winamax Beer Pong Open. Un tournoi pas loin d'être aussi prisé que le Main Event. Vous voyez, vous commencez déjà à me regarder de travers. Pourtant, une fois l'aspect financier écarté, je peux vous assurer que le trophée ramené à l'aide des petites balles de plastique est regardé avec des yeux aussi envieux que celui ramené à l'aide de petites tranches de céramique. En mai dernier, au SISMIX, je me suis retrouvée un long moment aux côtés de Guignol. Il venait de perdre en finale du WBPO de Marrakech. Je peux vous assurer : je ne l’avais jamais vu dans un tel état. Si le voir enchainer quelques liqueurs (ayant malencontreusement oublié de venir avec leurs petits copains les softs) ne m'a pas trop étonnée, c'est son regard noir et vide qui est venu m'interloquer.
- Ça va ?
- C'était mon rêve, putain.
Je vous avoue qu'à ce moment-là, je me suis tout de même dit qu'il en faisait un peu trop. J'avais moi-même terminé en 16e de finale du tournoi, après quelques lancers épiques en compagnie d'Adrien Delmas, mais m'en étais assez vite remise une fois la partie terminée. C'est durant l'été qui a suivi que la fièvre est montée. Avec la table siglée Winamax à la maison et le beau temps régnant sur la terrasse, les parties se sont enchainées. Et l'idée s’est faite de plus en plus insistante : il faut que je me donne une chance d’aller chercher le titre à Dublin. Et pour cela, j’ai notamment anticipé tous les scénarios possibles, comme l'éventualité de se retrouver à jouer avec des verres hexagonaux : j’ai passé un bon mois à m’entraîner avec.
Mais en ce jeudi 20 septembre, quand DJ Rond appelle mon nom à l'heure de rejoindre les tables, c'est bien avec les classiques gobelets cylindriques que nous jouons. Tout juste sorti de son émission sur Winamax TV, Harper me rejoint. C'est avec lui que j'ai joué tout l'été. Parfois adversaire, souvent partenaire.
7 tours nous séparent du titre. 96 équipes sont au départ, soit 190 joueurs à éliminer. À chaque partie, 2 litres de bière sont répartis dans 20 gobelets. L'avantage avec Harper, c'est qu'on se connait par cœur. Parfois, l'un a le momentum, et l'autre se charge de boire. Parfois, l'autre reprend le dessus, et on inverse les rôles.
À l'heure de lancer les premières balles, mon léger sourire cache déjà un regard noir, celui que j'ai aux tables de poker quand ma concentration est à son maximum. Je regarde les nombreuses tables autour de moi et l'ensemble des équipes présentes avec une seule idée en tête : toutes les poutrer, et être la dernière équipe encore debout au final. Certains sont venus déguisés et avant tout pour se marrer, passer un tour, au pire sauter et aller s’inscrire à l’Hyper Turbo de 22 heures. D'autres ont tellement envie de gagner que leur mental se met à vaciller dès la première erreur de parcours, et les voilà qu'ils s'embrouillent entre coéquipiers.
Pour nous, le chemin n'est pas sans embuches. Leçon de vie : une partie de beer pong n'est jamais gagnée (ni perdue !) tant que la balle n'est pas entrée dans le dernier verre. Et il me serait difficile de vous conter le chemin qui nous a mené du premier tour jusqu'à la finale – c'est possiblement le moment où je suis passée dans la case « névrosée de la boisson ». Il y a des fois où nous étions largement menés, avec quatre verres dans le camp adverse contre un chez nous, d'autres fois où la partie a été une formalité, mais c’est là que s’arrêtera la hand history.Le Winamax Beer Pong Open, c'est un enivrement, et je ne parle pas ici seulement de boisson. C'est une exaltation émotionnelle, avec ses montées d'adrénaline, ses sueurs froides, la pression et la boule au ventre qui vous gagne à l'heure de lancer dans la direction du tout dernier verre. Au moment de jouer le premier coup de la compétition, on entre dans un tunnel. On n’en ressort qu'à l'heure de l'élimination... ou de la victoire !
Notre tunnel, il s'est petit à petit élargi pour accueillir de plus en plus de monde. Au fur et à mesure que les tables disparaissaient pour dresser les huitièmes, les quarts, les demis puis la finale, des amis et une foule d'inconnus sont venus nous encourager. Avec le poker, j'ai déjà eu la chance de connaître de très belles finales et de grands moments d'excitation, et d’être soutenu par la foule massée dans les gradins entourant l'ultime table. C'est ce même soutien que j'ai pu retrouver sur ce tournoi. La différence, le petit truc en plus, c'est la proximité, bien sûr, et puis le fait de pouvoir chambrer et chanter durant toute la partie. La bande d'Ivan Deyra nous fonçait dessus dès qu'on marquait un point, hurlait sur nos adversaires dès qu'ils rataient, nous soulevaient et ont même adapté des chants...
Je crois pas que vous connaissez...
Elle sort de nulle part,
Un lancer de bâtard,
Nous, on a Gaëlle Baumann !
Quel kiff ! Lors des demi-finales, j'ai repensé à la tête de Guignol à Marrakech. Moi aussi, j’avais fait de la victoire un rêve, et il était hors de question que je le laisse passer. Nous sommes devenus intouchables, portés par le bruit, les encouragements, notre concentration (et aussi l’alcool). Lorsqu'Harper a mis la dernière balle, une tonne de sentiments sont entrés en collision : de la joie, bien sûr, de la libération, beaucoup de fierté (et aussi un petit relent). Une victoire sur le Winamax Beer Pong Open, ça s'acquiert au mental et, ce soir-là, j'ai aussi beaucoup appris sur moi-même et ma faculté de concentration.
Le trophée est désormais au chaud à la maison et, en relisant ces lignes, effectivement, je crois bien que je suis folle. Mais cette folie, putain, qu'est-ce qu'elle fait du bien. À l'année prochaine, Dublin.
Gaëlle « O RLY » Baumann